HITLER : Le Nouvel Obs passe à côté de l’essentiel : De la déflation à la faillite de la démocratie

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Le Nouvel Obs passe à côté de l’essentiel

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De la déflation à la faillite de la démocratie
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Le Nouvel Observateur

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Le Nouvel Observateur a consacré sa couverture du 25 juillet à Hitler et les Allemands, un choix motivé par le 80e anniversaire del’arrivée des nazis au pouvoir.

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Nous ne pouvions rester indifférent à cette initiative d’un hebdomadaire d’excellente tenue, d’habitude connu pour ses analyses décapantes et bien enlevées.

Le dossier se présente en trois parties : les lieux maudits du nazisme ; les raisons pour lesquelles Hitler  obsèderait encore les Allemands ; enfin, un entretien avec le grand historien britannique Ian Kershaw sur la prise du pouvoir de Hitler.

À notre grande surprise, nous avons relevé plusieurs contre-vérités qui faussent gravement l’approche de cette période historique et la mémoire qu’en gardent les Allemands.

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Aux origines de la Shoah :
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L’entretien avec Ian Kershaw (mal orienté, déformé ou mal traduit ?) laisse entendre en premier lieu que Hitler aurait envisagé l’«élimination des juifs» dès 1924, quand il dictait Mein Kampf dans sa prison bavaroise, voire plus tôt.

Les historiens sont aujourd’hui à peu près tous d’accord sur le fait que les nazis s’en sont tenus d’abord à un programme

d’«éloignement» et non d’«élimination» ou d’«extermination».

Hitler, devenu férocement antisémite après la Grande Guerre, ne s’est rallié à l’idée d’exterminer les juifs qu’après  l’invasion de l’URSS à l’été 1941. Il s’agit d’une précision capitale pour la compréhension du processus qui a conduit à la Shoah.

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 La nomination de Hitler à la chancellerie :
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Hitler et le nazisme
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Le plus étonnant est l’analyse de la prise du pouvoir par Hitler en 1933.

Les faits : chef du parti le plus important, Hitler est appelé à la chancellerie par le vieux président Hindenburg, sur les instances du précédent chancelier von Papen et de l’économiste Schacht. Ces deux conservateurs espèrent le tenir sous leur coupe mais ils déchanteront très vite.

 Hitler salue Hindenburg à Postdam le 21 mars 1933

Le Nouvel Obs écrit en exergue de son article : «Pour l’historien britannique Ian Kershaw, c’est la complicité d’élites bourgeoises convaincues, à tort, de pouvoir les manipuler qui a permis aux nazis de prendre le pouvoir en 1933. Un calcul fou».

Sur les motifs qui ont conduit à ce calcul, l’hebdomadaire fait dire à l’historien : «Certes, la démocratie était condamnée. Les deux tiers des Allemands n’en voulaient plus. L’avènement d’un régime autoritaire était à peu près inéluctable. Mais pas le nazisme, avec son cortège d’horreurs et de folies !…»

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Le Nouvel Obs passe à côté de l’essentiel
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Tiens donc ! Pourquoi la démocratie allemande était-elle condamnée? Et quel autre régime autoritaire que le nazisme aurait donc été possible? De cela, l’hebdomadaire ne dit rien. Coupable silence.

Pas un mot sur l’alternative au nazisme : le communisme. En 1932, la majorité des citoyens allemands se sont ralliés aux partis antiparlementaires, d’un côté le nazisme, de l’autre le communisme. Ces deux partis sont appuyés par des troupes paramilitaires que même l’armée s’avoue incapable de pouvoir contrôler. On n’imagine donc pas qu’une troisième force, respectueuse du droit, puisse s’imposer à celles-là.

Or, le communisme fait légitimement horreur à tous les démocrates en 1933, au moment où sévit en URSS le régime stalinien au paroxysme de sa violence (génocide ukrainien persécution des croyants, antisémitisme…). Entre un mal connu (le stalinisme) et un mal encore mal identifié (le nazisme), on peut concevoir que les dirigeants allemands aient opté pour le second…

Finalement, la seule question qui importe concerne la  faillite de la démocratie. Pourquoi les citoyens se sont-ils détournés en masse des partis modérés?

De cela, Le Nouvel Observateur ne dit pas un mot. Rien sur la politique de «déflation» menée par le chancelier Brüning  de mars 1930 à juillet 1932, qui a conduit à doubler le nombre de chômeurs, de trois à six millions. Il est vrai que cette politique était en tous points semblable à la politique de «rigueur» imposée aujourd’hui par l’Allemagne à ses vassaux européens, de la Grèce à la France. Le Nouvel Observateur, qui fait profession de soutenir le gouvernement de François Hollande, serait-il gêné par ce rapprochement?…

Notons en dernier lieu que les Allemands sont moins obsédés par le nazisme en 2013 qu’ils ne l’ont été dans les précédentes années. Le film La chute (2004) et l’exposition  Hitler et les Allemands  (2010), ont pu témoigner de leur sensibilité à cette époque.

Rien de tel aujourd’hui. Ni la prise du pouvoir (1933), ni Stalingrad (1943), ni même l’exécution des jeunes résistants de  la Rose Blanche (1943) n’ont suscité de grandes manifestations dans le pays. Les Allemands de 2013, contrairement à ce que laisse faussement entendre Le Nouvel Obs, sont bien davantage préoccupés par le présent que par le passé. Une promenade à Berlin a vite fait de le montrer.

Dans ces conditions, il était parfaitement vain de vouloir combler le creux de l’été avec un non-sujet doublé de fausses vérités.

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sources :

hérodote.net

Joseph Savès
André Larané